
Un rite par forme d’enseignement,
mais plusieurs traditions pour un même rite.
«Pour l’étudiant, les rites de séparation sont loin d’être symboliques : attitude volontairement irrespectueuse ou moqueuse des anciens, utilisation du terme générique « bleu », position déférente du « gueule en terre » sont des marques évidentes de la volonté d’arracher le bleu à son ancien milieu pour le projeter dans un nouveau monde qu’il doit découvrir. Les rites de marge sont les plus nombreux et les plus visibles. Les épreuves imposées au bleu sont diverses et multiples. Elles connaissent une évolution parallèle à celle des mœurs et des mentalités : c’est une période de « dressage » qui fait passer le bleu de l’autorité parentale à l’autorité des anciens étudiants et qui a pour but d’assurer la conservation des coutumes ancestrales. A côté de ces épreuves, il y a une resocialisation du bleu dont le caractère d’instruction (chants, histoire du folklore, etc.), de transmission des connaissances (coutumes) et d’éducation morale (contrôle de soi, fraternité entre les candidats qui vivent ensemble les mêmes épreuves) est indéniable. »
Pierre de Visscher
08 octobre 1970 Reprise d’images du journal de l’ORTF (France)
Le bizutage est-il un rite pédagogique?
Cela est indéniable, au même titre qu’une remise de diplôme.
Si nous évoquons la période d’apprentissage facultaire comme la vraie mise en marge, comportant ses propres règles, des droits et ses devoirs, il faut dès lors classifier autrement le rite des baptêmes, et autres approches similaires comme le bizutage. Il ne doivent être considérés que comme le franchissement du seuil d’entrée propre à une Faculté donnée. Un rite de sortie, académique celui-là, sanctionnera le seuil de sortie.
C’est d’ailleurs sur ce point que, dans les années 1980-1990, seuls les baptisés d’une même Faculté belge étaient autorisés à pénétrer dans l’endroit où se situait le baptême. C’est d’ailleurs toujours la règle en certains lieux, avec une tolérance possible par cooptation.
Méthodologie du musée concernant les secrets rituels
Motivations des choix produits
C’est pour cette raison que nous nous appuyons non pas sur un rite particulier, mais bien sur un amalgame des rites européens pour exprimer ce que forment ces initiations. Le dévoilement d’une pratique ne résumant pas un ensemble, les secrets resteront saufs, car pris hors contexte, ils ne signifient plus rien. Et être pré-informés, ils bloqueront les effets attendus pour la personne. Penserait-on que dans d’autres cérémonies, l’usage du bullroarer symbolisant la voix des divinités fonctionnerait si les jeunes gens en connaissent le son par avance? Ainsi, moins on en sait, mieux se déroulera l’initiation. Fiat lux!
Élaborer une exploration systémique du sujet
Les traditions scolaires sont souvent mal connues. Nous constatons régulièrement des débordements, qui doivent absolument être maîtrisés pour ne plus se produire. Cependant, nous ne comprenons toujours pas réellement la nature de ces traditions, et encore moins leur utilité. Pour parvenir à les entendre, nous nous attelons à explorer l’historique de ces pratiques et à les confronter aux activités actuelles des universités.
Il est également essentiel de tenir compte des travaux déjà réalisés dans le domaine des sciences humaines afin de filtrer les différentes pratiques et leur donner un sens. Ce n’est qu’à cette condition que notre démarche muséale prendra tout son sens.
Prendre en compte les enjeux de la société d’aujourd’hui
Nous invitons les associations, les BDE et les corpos à nous rejoindre pour travailler de manière harmonieuse et coopérative à la préservation des valeurs patrimoniales qui sont les leurs. Il s’agira également de déterminer des axes de réflexion sur les modifications sociales qui nous entraînent vers de nouvelles voies de pensée afin de sortir de la culture de la discrimination.